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Corse – Informations sur les 180km du Gr20


Infos utiles et conseils pour préparer son trek du gr20 en fin d’article

#Corse “Je veux faire le GR20”
-”C’est bien !… mais c’est quoi ton Gr20 ?”
-”C’est un chemin de grande randonnée à travers les montagnes corses qui s’étend sur un peu plus de 180km. Parait-il que c’est l’un des plus difficiles mais également l’un des plus beaux treks d’Europe. Je veux le faire en une semaine… normalement, cela se fait en 15j”
“C’est bien ! Bon courage…”

Voilà comment j’ai annoncé la nouvelle à mes parents, à table, à mon retour de Nouvelle-Zélande. Le thème a été bouclé en moins de 30s ne suscitant aucune réaction particulière. Dernièrement, je leur ai également fait part de ma volonté d’atteindre les 7 sommets. Mon père m’a fait remarqué avec justesse que je ne fais pas d’alpinisme et que ce genre d’exploit sportif n’est pas vraiment à la portée du premier touriste venu. Non décontenancé, je l’ai regardé et, armé de mon sourire le plus innocent, et je lui ai répondu “Pas grave, j’apprendrai !” Cela a suscité 45s d’attention. Un jour, je leur dirai que je veux aller sur Mars…

Pourquoi me lancer sur le GR20 ?

Ayant assisté, par le fruit du hasard, au 50 ème anniversaire de l’ascension de l’Everest par Edmunt Hillary à Mount Cook (invité par la personne m’ayant pris en stop, il faut que je vous raconte cette histoire un de ces quatre), on m’a demandé si je connaissais le magnifique parcours du Gr20 en Europe. J’ai répondu que non. On m’a alors répondu que c’est l’un des plus beaux chemins de randonnées d’Europe et qu’il se trouve en France, en Corse plus précisément. Ce compliment venant de néo-zélandais, ayant déjà chez eux des paysages époustouflants, m’a rendu un peu honteux. Je ne savais pas du tout ce qu’était les chemins de grande randonnée (GR) et je ne savais pas que l’on pouvait faire de la grande randonnée en Corse. Pour le coup, j’ai appris qu’il y avait des montagnes en Corse.

Encore une fois, les cordonniers sont les plus mal chaussés. Je connais si mal la France. Voilà, c’était alors écrit. A mon retour en France, j’irai faire le Gr20 et découvrir une partie de notre patrimoine naturel. Me voilà donc partie, quelques mois plus tard, sur le ferry au départ de Nice. Je dis donc je fais…

Pourquoi le Gr20 en une semaine et en autonomie complète ?

Pour le défi sportif. Parce que je m’estimais plus résistant et endurant que la moyenne des randonneurs. Pourquoi en une semaine exactement ? Parce que sur le site de randonnée-malin, ils l’ont fait. Cela m’a suffit. Je vous conseille la lecture de leur compte rendu très complet : http://www.randonner-malin.com/le-gr20-en-7-jours-compte-rendu/

Est-ce que je me suis préparé pour cela ?

Au départ, j’avais vraiment prévu un programme spécial un mois avant le départ : course de quelques km tous les matins, piscine 3 fois par semaine… au final, je n’ai jamais couru et je ne suis jamais allé à la piscine (ou une fois peut-être). Mon sport quotidien se résumant à prendre mon vélo de ville pour mes déplacements.

Je ne suis pas non plus un non sportif. Vu la facilité avec laquelle, depuis le début de l’année, j’ai grimpé le Machu Picchu, effectué le Tongario trek en Nouvelle-Zélande, l’ascension du Mont Fuji au Japon et les très nombreux kms parcouru avec mes 20kg+ sur le dos ces dernières années, je pense que mon corps n’est pas en sucre.

Cependant, j’ai optimisé (au mieux, à l’époque) un élément ultra-important du randonneur pour le gr20 : le poids de mon mon sac. Tout compris, eau, tente, nourriture, vêtements, matériel photo, mon sac pesait au départ 15,3kg. (avec 3l d’eau et la nourriture pour une semaine)

Ah, autre facteur déterminant : le mental. Je n’ai jamais pensé à abandonner. J’ai cependant douté, à raison, de ma capacité à le faire seul, en autonomie complète et en une semaine.

Ce n’est pas difficile. Il faut juste le faire à son rythme, ne pas alourdir son sac inutilement et ne pas se mettre en danger en étant conscient de l’effort sans toutefois le surestimer ni le sous estimer non plus.

Est-ce que j’ai réussi faire le Gr20 en une semaine et en autonomie complète ?

Non, pas vraiment. J’ai dérogé à mes règles pour aller jusqu’au bout et…parce que l’on m’a invité.
La plupart le font en 15 jours et beaucoup abandonnent en cours de route. J’avais prévu de le faire en une semaine mais j’ai mis, au final, 8,5 jours. J’ai doublé toutes les étapes sauf la première et la sixième.

J’ai débuté le Gr20 l’après-midi. Le bateau de Nice est arrivé en fin de matinée puis j’ai fait du stop jusqu’à Calenzana et j’ai commencé (sans déjeuner) une fois sur place.

Autonomie ? Je n’ai supporté ma tente cercueil que les 2 premières nuits. Ensuite, pour ne pas me mettre en danger et enfin me reposer, j’ai préféré dormir au refuge. Pour information, j’avais fait l’erreur de ne pas tester la tente avant. Sur place. je manquais d’air dans la tente et elle s’affaissait en son centre. Le toit touchant mon sac de couchage, il n’y avait alors plus d’isolation et j’avais froid. De plus, si vous doublez, lorsque vous arrivez en début de soirée au refuge, les meilleurs emplacements sont souvent pris. Il aurait été plus avisé de ma part de prendre une tente un peu plus lourde mais offrant un plus grand confort.

(et de tester la tente AVANT de partir)

Photo gopro des 2 compères
Seul ? Non, pas vraiment tout au long du parcours mais ce le fut par choix. Je me suis fait deux compères dans le bateau en direction de la Corse. On a fait les 4 premières étapes ensemble. J’ai également marché avec un couple lors de la 8 ème étape…

On s’est d’ailleurs baigné dans les piscines naturelles. Ah les sauts en haut du pont à 4m…

Sur le chemin de la 11 étape, j’ai fait la connaissance d’un randonneur qui venait de commencer à mi-étape, à Vizavonna. On a sympathisé et je l’ai “incité » à poursuivre avec moi en doublant les étapes en ma compagnie. Un peu comme lorsque j’avais incité un compagnon de marche coréen à grimper le mont du Destin lors du Tongario Trek.
C’est d’ailleurs lui que vous retrouverez comme “modèle” dans de nombreuses photos du Gr20. Il s’est gentiment prêté au jeu et je lui serai éternellement reconnaissant de pouvoir me permettre de vous offrir la mise en scène des paysages de Corse sur le parcours.

Autonomie complète ? Oui et non.
Ayant des compagnons de route, j’ai voulu donner un sens réel à ce mot. Étymologiquement, le mot compagnon vient du bas latin companionem et cela signifie « celui avec qui l’on partage le pain »
De fait, j’ai partagé pain, saucisson corse et quelques repas avec des compagnons de route. (j’ai d’ailleurs inventé un mélange : jambon corse avec confiture de clémentine corse, un délice) J’ai mis de côté le paris sportif en autonomie complète au profit de l’expérience humaine. Cela ne veut pas dire que j’étais incapable de le faire seul, c’est juste que j’ai trouvé des compagnons de route agréables sur certains trajets. Je suis solitaire mais non asocial.

Si certains diront que j’ai échoué, je dirai que j’ai tout de même réussi. Je suis allé au bout de ce mythique Gr20. J’ai porté mon sac à dos avec tout le matériel et la nourriture… j’ai vu des paysages magnifiques et vécu des moments intenses… Ils avaient raison les néo-zélandais. C’est splendide.

Le plus difficile à supporter ?

Ce n’est ni la solitude (je suis solitaire de nature), ni le manque de sommeil (j’ai très peu dormi la veille du départ à Nice ainsi que les 2 premières nuits sous tente), ni les punaises de lit… le plus difficile c’est la chaleur et son corollaire, la soif. Il fait vraiment horriblement chaud l’après-midi. La sueur suintante vous brûle les yeux lorsque vous êtes sur une étape découverte du Gr20.

Si votre objectif est de faire le Gr20 rapidement alors vous devrez doubler les étapes et donc vous marcherez l’après-midi. C’est cette très mauvaise évaluation du facteur chaleur, en plein été, qui, je pense, a complètement compromis le projet de réaliser le Gr20 en 7 jours. (sur le site de randonnez-malin, ils l’ont fait en 7 jours… mais en octobre)

Une fois sur le chemin, vous bénirez alors toutes les sources d’eau que vous trouverez. Concernant ce point, la 5ème et la 14 étape furent, pour moi, les plus difficiles.

Pour information, j’avais de l’Ambi Pure mais je ne l’ai pas utilisé.

Quel Gr20 as-tu fait ?

Le “classique” du Nord vers le Sud.

Il est vrai que cela nous parait bien plus facile une fois les étapes du Nord derrière nous mais le Sud réserve aussi des surprises.

Moins de poids pour moi (de la nourriture en moins) , le corps s’est habitué au rythme, on gagne un bonus mental après quelques étapes. Chez certains, avoir fait le nord les transforme.

… Mon seul raccourci fut de prendre la variante alpine sur la 15 étape (que je conseille) car c’était censé être plus difficile(même si je n’ai pas senti la difficulté). En tout cas, elle est très belle.

Il n’y avait pas tant de monde que cela sur la route. J’ai fait de longs trajets sans rencontrer personne. Notamment ceux de l’après-midi.

Et la santé durant le trek du gr20 ?

J’ai pris énormément de plaisir… à souffrir. Je n’ai pas eu de blessures. J’ai pris une pause à chaque fois que mon corps me le demandait, j’ai bu beaucoup dos et j’ai été vigilant en usant de mes bâtons au maximum.

Mon genou a grimacé lors de la 14ème étape. J’ai été dévoré par les punaises de lit à Ciottulu di i Mori ainsi qu’à Capannelle. J’ai eu quelques coups de soleil et quelques bleus mais c’est tout.

Rien de casser.
On a fait la dernière partie de la dernière étape en courant, c’est vous dire mon état.

Mes “conseils” pour un Gr20 sportif ?

  • Le faire à son rythme. Cela peut paraître amusant de la part de quelqu’un qui double les étapes… mais le matin, je suis plutôt du genre à marcher lentement, pas après pas, avec moins de pauses et des pauses plus courtes pour arriver à l’étape intermédiaire du midi en pleine forme. Mes premiers compagnons de route étaient plutôt du genre “fusée” le matin. Or je m’essoufflais vite à leur rythme car je voulais les suivre et, l’après-midi, ils sont plus du genre sieste alors que moi, je continue à marcher… Par la suite, on s’est séparé. Par comparaison, j’ai préféré marcher seul, sans me sentir bête à ralentir les autres pour prendre mes photos. Tout le monde me doublait au départ mais j’en rattrapais beaucoup par la suite tout en restant dans les temps annoncés dans les guides avec même, parfois, 15 à 30 min d’avance. L’après-midi, si j’avais le pied léger (ce qui était souvent le cas) je me permettais d’aller beaucoup plus vite.

  • Ne pas perdre mes boules quies. Sérieusement, au refuge, j’ai eu des envies de meurtres. J’ai tapé certains ronfleurs avec la pointe de mes bâtons de marche sans effets. De vrais ours.
  • Avoir un repousse punaise de lit. La peau de mes bras, mes mains, mon bas du dos étaient recouverts de cloques à l’aspect purulent. J’avais gratté mes bras jusqu’au sang. Une vision que je vous épargne…
  • Avoir un bandeau absorbant pour la sueur. La sueur salée qui vous tombe dans les yeux brûle et lorsque vous êtes trempé de partout, rien pour se nettoyer. Or avoir la vision brouillée peut s’avérer dangereux en terrain glissant.
  • Avoir des lunettes de soleil et de la crème solaire

Et ce qui m’a permis d’arriver au bout sereinement.

  • Boire. J’ai bu, j’ai bu, j’ai bu ! Je buvais 1L d’eau avant de partir, dans les 2 à 3L en cours d’étape le matin et jusqu’à 4L l’après-midi. Aucune crampe 🙂
  • Manger. J’ai mangé, j’ai mangé, j’ai mangé. J’avais prévu des doubles rations de repas lyophilisés accompagnés de semoule. A partir de la mi étape, je mangeais de la semoule avec des portions lyophilisés, matin, midi et soir. Certains me regardaient avec des gros yeux, surtout le matin, mais je ne regrette rien. Je me suis même offert un extra avec un cassoulet semoule au petit-déjeuner. Cela fait avancer !
  • Utiliser les bâtons de marche au maximum. Pour avancer plus vite, pour se protéger des glissades, pour taper les ronfleurs… J”ai usé et abusé des bâtons pour diminuer la pression sur mes genoux et j”ai redoublé de vigilance à l’approche des refuges. En effet, le chemin est traître jusqu’au dernier mètre. Lorsque sur la 14 étape, ma cheville a commencé à être douloureuse sur la descente depuis le somment de la croix, j’ai préféré laisser partir mon compagnon de route au refuge pour avancer pas à pas. Ce fut salutaire. De l’eau froide, quelques étirements plus tard et une bonne nuit de repos, j’étais prêt pour la variante alpine et un beau doublé terminé au pas de course.

Ce qui m’a amusé durant mon Gr20.

Croiser plusieurs fois les mêmes personnes/groupes qui le matin partent à un rythme plus soutenu que le mien tout en faisant plein de pauses le long du chemin. Ils me redoublent avec le sourire en coin et moi je finis avant eux à mon rythme de tortue.

Dans les gîtes, ceux qui discutent avec intensité avec ceux qui viennent du sud “Ah mais toi tu viens du sud. Le Sud c’est un chemin de campagne par comparaison… tu ne connais pas encore le Nord… le Noooooord !”

Les corses, en particulier les gardiens de gîte très… corsés.. Ils vous questionnent “Mais pourquoi tu prends toutes ces photos, tu es de la police ou quoi ?” “Et la nourriture, tu es obligé de prendre la nourriture en photo ? Tu ne peux pas la manger comme tout le monde ?” “Tu sais, certains appareils photos ont volé par la fenêtre”

Mais ils ne sont pas tous comme ça… certains sont moins inquisiteurs et ont beaucoup d’humour.

Ou alors, lorsque vous demandez à ces “experts” de la montagne ce qui vous attend ? “Et la descente, elle est comment la descente? Longue ?” -“Elle descend” -“Ah… et c’est quel type de terrain qui m’attend” -“Variable…” -“Bon bah je vais tester cette descente variable alors…” -“Faites-donc…”

Des experts de la montagne soucieux de vous aider je vous dis…

Et après le Gr20 : d’autres projets de treks ?

Je me suis fixé d’autres défis mais on en reparlera.

J’ai en tête : le Gr 34. En Bretagne… 1600km.
Gr10 : 870km à travers les Pyrénées.

L’ascension des 7 sommets de la liste de Messner. Je sais, au monde, ils n’étaient que 191 à l’avoir complété en janvier 2009 et il y a probablement moins de 500 personnes actuellement qui l’auraient fait

A côté, les 180km du Gr20 paraissent bien ridicules…

Si vous me posez la question pourquoi ?
Je vous dirai “pourquoi pas ?”

Cet article est un petit aperçu, je souhaitais répondre tout d’abord à quelques unes de vos questions… le récit vient par la suite avec d’autres photos… 😉

Info utiles sur le Gr20

Se rendre en Corse en Ferry :

Il est possible de dormir, comme beaucoup le font, dans les salles de repos lors des départs de nuit. Pour les petits budgets, pas besoin de cabine donc mais prévoyez boules quies et un masque pour vous reposer au mieux.

Hébergement

Etant seul, j’ai toujours réussi à avoir un lit sans réserver mais j’ai eu parfois de la chance que certains réservations soient annulées. Vous pouvez réserver vos gîtes par téléphone et sur internet à l’avance. Cependant, beaucoup sont allés plus vite que prévu et ont modifiés leur plan.

Plus d’infos sur le site Corse (réservation possibles dès la mi-mars :

http://www.parc-corse.org/index.php?option=com_content&task=section&id=6&Itemid=137

Prix rencontrés (2013). 12 euros / prs / nuit en gîte, 8 euros sur le terrain avec votre tente, 20 si vous louez une tente.

Météo

Il faisait très très chaud la journée et je n’ai eu un bref orage lointain.
Pour préparer votre voyage, météo France. Meteo France Corse

Foule

Il y avait plus de monde sur la partie sud que sur la partie nord. Le matin, quand tout le monde part entre 5h et 8h, c’était chargé. L’après-midi je me trouvais souvent seul sur les chemins. Après, je ne connais pas les pics de fréquentation. Un gardien m’a dit que vers septembre, c’est bouché.

Sac

Un sac à dos acheté chez Décathlon. 60l Un peu léger sur le début au niveau du contenant mais idéal à partir de la mi-étape.

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Piotr

La vie est un voyage. J'ai souhaité faire de la mienne une aventure. Avant de m'éteindre, j'aimerai grimper les 7 sommets et avoir plein d'étoiles dans les yeux. Celles de mes chemins parcours... J'écris également sur bien-voyager.com

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