Je ne m’imaginais pas aller au Japon et ne pas grimper au sommet du Mont Fuji. Cela sonnerait comme aller à Paris en évitant des yeux la tour Eiffel. De fait, je suis bien monté jusqu’au sommet. Rien n’est difficile, tout est dans le mental. Ayant croisé des personnages âgées ainsi que des enfants au retour, pour y parvenir, allez-y simplement mais sûrement.

 

 Galerie photo, liens et infos utiles pour grimper au sommet du Fuji à la fin de l’article

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Se préparer à grimper le Fujisan

 

Il est intéressant de lire des avis opposés concernant le Mont Fuji. Il y a les inconditionnels de la “touriste débile attitude” sur le ton de “c’est qu’une attraction à touristes, allez-y en tongs et t-shirt ça suffit amplement” et eux qui sont aussi prévoyant qu’un japonais se préparant pour une épopée digne de l’Everest. Je pense qu’il faut se caler entre les deux.

Le mont Fuji reste un volcan dont l’altitude est de 3776 mètres et ceux qui connaissent les montagnes savent qu’il ne faut pas sous-estimer les caprices de la météo et du vent (que nous avons par ailleurs expérimenté). De fait, mieux vaut être prêt que pas assez. Point besoin cependant de se préparer pour un trek de plusieurs jours.

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Conseil pour la montée :

  • Pour le ticket de bus, acheter l’aller-retour à la gare, c’est moins cher 😉
  • Évitez absolument les we et vacances scolaires du fait des embouteillages sur le chemin.
  • Il peut faire vraiment très froid au sommet même en été et soyez préparer à la pluie qui, combinée au vent, peut vous amener à reconsidérer l’ascension du fait des températures ressenties négatives.

A savoir :  L’ouverture de la montée est limitée à une saison courte : du 1er juillet au 31 août chaque année. En dehors de ce créneau, l’ascension est possible mais les stations sont fermées et les accès plus difficiles.

 

Partir à la rencontre de Fujisan : le récit

 

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Nous sommes partis de nuit. Début juillet, en toute ouverture de saison, le 1 ou 2, je ne sais plus. La météo annonçait quelques rares averses. C’était semble t-il la meilleur fenêtre pour une ascension de nuit. Dans le bus, des américains en short et t-shirt, mâchant bruyamment leur chewing-gum, se gaussaient du fait que l’on ait piqué un petit somme durant les 45 min du trajet. Une fois sur place, avec la légère pluie rafraîchissant l’atmosphère, fini les sourires en coin et leur arrogante assurance, ils finirent réfugiés dans le petit magasin de la station encore ouvert. Nous ne les revîmes jamais.

 

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Lancés sur la route à 21h après l’achat de gants en coton à 100 yens, mise à part un couple de japonais, jusqu’à la 6ème station, nous étions seuls. Nous pouvions voir, au loin, les lumières irréelles de la ville perdue dans les brumes et, plus haut, quelques  lampes lointaines dérivant sur la pente telle des lucioles.

 

Japon mont Fuji (3)

N’ayant pas pris le trépied pour des raisons de poids (je portais mes affaires ainsi que ceux de Magda), je n’aurai pas le plaisir de partager cette vision féerique qui ne dura guère. En effet, les quelques pluies se changèrent rapidement, au fur et à mesure de l’ascension, en furieux assauts qui vous gelaient de la tête au pied. Le vent étant de la partie, ma cape de pluie, claquant sur les rochers finis rapidement en lambeaux. La température ressentie était alors négative. Nous croisâmes un groupe qui faisait demi-tour, ayant semble t-il entendu les grondements du tonnerre. Moi, je n’étais pas décontenancé par des rumeurs et je remis le moral chancelant de Magda d’aplomb.

 

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C’était sans compter la montée de la 7ème a la 8ème station, accrochée tant bien que mal aux chaînes gelées pour éviter de glisser entre les rochers. Le vent était telle qu’avec mon cape anti-pluie il m’empêchait parfois d’avancer. A part un japonais équipé comme pour une expédition polaire, nous suivant à une distance d’une vingtaine de mètre, nous étions seuls. Magda voulait redescendre. Pour moi, il n’en était pas question. Arrivé à une station intermédiaire, on se réfugie à l’intérieur dans le vain espoir que le vent rugissant calme ses ardeurs. Ce ne fut pas le cas.

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Nous repartîmes à l’assaut des marches et des rochers. La montée fut interminable, je maudissais ceux qui louaient cette tranquille “promenade de santé”. Ce qui doit être le cas de jour, par beau temps, lorsque tout est sec et que vous voyiez clairement où vous mettez les pieds. Je grelottais de froid et je sentais les gouttes qui s’insinuaient dans mes vêtements qui, bien qu’imperméables, n’étaient pas fait pour de telles conditions.

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Extrait du carnet de voyage
Le vent et la nuit. Je me sens comme une étoile perdue dans un tourbillon glacée. Le vent rugit si fort que j’en oublie qui je suis. Je marche. Je n’avance pas. Qui je suis, où je suis ? Tout est noir. Ma lampe n’accroche rien si ce n’est la pluie. Je marche encore et me retiens à la roche dont la morsure glacée à travers mes gants mouillés et gelés m’arrache une grimace. Je marche. J’ai l’esprit vide. Si vide. Je me sens seul. Si seul. Je vois une lumière plus bas. Elle semble surgir de nulle part. Hypnotisante, elle se balance telle un cobra. Est-ce Magda ? Elle semble si loin et si fragile. Une autre bourrasque. Je manque de glisser. Où dois-je aller. Je ne vois plus la chaîne. Je ne vois plus rien. Je dois avancer. Mais où ? Instant de panique. Les lumières du prochain refuge semble inatteignables, irréelles. Accroupi, je tâtonne à la recherche de la chaîne. Je l’agrippe des deux mains. Avancer. Il ne me reste plus qu’à avancer. Un pas. J’éclaire mes pieds. Il suffit d’avancer et d’oublier la symphonie du vent. Je ne sais pas vraiment où je vais mais j’avance. Avancer me rassure. Je ne peux pas reculer. Je ne dois pas reculer. Le vent n’est pas plus fort que ma volonté. Un pas. Ma lumière vacille. Encore un pas. Je serre les poings et les dents. Un pas. Je glisse et me cogne. Le vent éteint mon cri de douleur. Je me relève. Un pas. Arrivera un moment ou un autre ou ce sera le dernier. Un pas.

 

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A la 8ème station, le vent arrive à me faire reculer alors que je marche sur la plate-forme de bois. C’est décidé, on va rester se reposer pour la nuit, peu importe le prix… (c’est pourquoi ils vous conseillent d’avoir 6000 yens par personne car sans cela, peu importe les conditions, ils ne vous admettent pas dans les refuges). Il est déjà minuit.

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Le lendemain, après avoir tenté de se reposer dans les sacs de couchage à côté d’un japonais ronfleur, le ckeck-out obligatoire à 5h du matin n’était pas le plus agréable. Qu’à cela ne tienne, le temps s’est éclairci, du moins, il ne pleut plus. Je me sens frais comme une gazelle. On est reparti vers le sommet.

Deux petites heures plus tard, gavés de boules de riz, nous voici… quelque part au sommet je suppose. Le brouillard était telle que l’on n’y voyait rien. Certains estiment que c’est du “gâchis“ de grimper sans assister au lever du soleil. Mon avis est moins catégorique. Nous n’avons pas la météo idéale sur commande et la montée reste un épreuve d’endurance intéressante. La vue en redescendant du Mont Fuji, bien que moins magistrale qu’au sommet, reste un délice.

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Magda ayant la tête qui tourne et des nausées, on décide de ne pas traîner. Mais on l’a fait. On a atteint le sommet du Fuji ! Je l’ai poussée comme lorsque j’ai convaincu mon ami coréen de me suivre jusqu’au sommet du mont du Destin, en Nouvelle-Zélande. Il n’y a pas de retour, il n’y a pas d’abandon qui tienne à mes yeux. Pouvoir c’est avant tout vouloir.

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La descente est longue et fait appel sans ménagements à vos articulations. Bâtons de marches grandement appréciés. La chaleur se fait rapidement sentir. On se découvre, pétale par pétale. L’effort est appréciable. Une fois en bas, on se retourne et on salue le sommet, bien bas, par respect.

Cette aventure est finie. D’autres nous attendent…

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Celui qui gravit le Mont Fuji une fois est un sage, celui qui le fait deux fois est un fou.

– proverbe japonais

 

 Infos utiles pour l’ascension du Fuji

 

Liens et documents utiles concernant l’ascension du mont Fuji :

Météo 

à 2-3 jours, 3 mesures par jours)  

la température au sommet (par heure pour les 24 dernières heures)

Les chemins d’accès :

  • Kawaguchiko-guchi route : départ de la 5ème station à 2305 m. Route la plus populaire, avec beaucoup de refuges sur le chemin et un accès facile depuis Shinjuku.
  • Subashiri-guchi route : départ de la 5ème station à 2000 m. Moins fréquentée, cette route rejoint la précédente à la 8ème station. 
  • Fujinomiya-guchi route : départ de la 5ème station à 2400 m. La route la plus courte et donc la plus facile.
  • Gotenba-guchi route : départ de la 5ème station à 1440m. La route la plus longue, la moins populaire, avec peu de facilités sur le chemin du sommet.

Transport :

de Tokyo : https://www.highwaybus.com/rs-web01-prd-rel/gp/foreign/frgSelectLine?lang=en

La carte du réseau routier : carte

Grimper en dehors de la saison officielle

Si vous souhaitez grimper le Fuji-san en dehors de la période officiel, il faut remplit une attestation au commissariat : tel: 0555 235 2121 
mail: kenkei@pref.yamanashi.lg.jp

Récit en anglais d’un alpiniste ayant grimpé le Fuji en hiver : Grimper Fuji en hiver (en anglais)

Si vous souhaitez grimper en hiver, contactez l’association d’alpinisme japonaise

Japan Alpine Guide Society
105 Maison Yoyogi
2-39-7 Yoyogi Shibuya-ku Tokyo Japan
151-0053
TEL +81-3-3379-4183
FAX +81-3-3320-1583 
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Informations complémentaires

Vous pouvez également consulter le récit d’ascension du Fuji ainsi que les conseils de Tunimal, mon collègue expatrié et passionné du Japon sur son blog Un Gaijin au Japon.

Si les informations concernant ce récit d’ascension sur le mont Fuji au Japon vous ont été utiles, n’hésitez pas à les partager. Si certaines sont manquantes ou erronées, merci de m’en faire part, je corrigerai cela. Au plaisir de vous retrouver pour de prochaines aventures sur ce blog trekking. Piotr