La montagne me manque. Elle me terriblement. Comme un amoureux transi, je compte les jours avant de la revoir. Alors je me demande ce qui me fait tant souffrir de me trouver loin de ces paysages escarpés.
Cela ne peut être uniquement l’air frais et le silence.
On retrouve ces aspects au cœur des plaines protégées.
Ce n’est pas non plus être notre sentiment de petitesse face à l’immensité.
L’océan offre lui aussi de telles sensations.
Il y a quelque chose de plus profond qui nous lie, vous et moi, à la montagne.
J’aime tant la montagne et pourtant je suis un gars des plaines.
Né dans les plaines, vivant dans les plaines
La tête et le cœur dans les montagnes.
Je ne me l’explique pas vraiment ce coup de foudre. C’est ainsi. Dans une autre vie, je me dis que je suis un enfant oublié des massifs. Les cigognes ont du faire erreur sur le destinataire. Il y a eu un léger quiproquo. Un mélange des sacoches. Dans une autre vie, les gardiens des sommets se sont penchés sur mon berceau et je suis devenu guide de montagne. Je me le dis à chaque fois que je pars sur un trek seul ou accompagné.
Il n’y a pas, à mes yeux, de plus grande liberté que d’avaler les kilomètres pas à pas. Les sentiers sont une cure de jeunesse. L’ivresse du marcheur. Ils délivrent à la fois le corps et l’esprit.
La randonnée c’est ma forme de méditation active. La randonnée c’est ma séance de yoga. Je vibre au rythme du vent s’engouffrant dans les vallées. Je respire quand tonnent les rochers.
Mon cœur bat plus fort lorsque je retrouve les montagnes. J’ai alors l’impression de me retrouver moi-même. D’être de nouveau entier. De me déconnecter. De me déconnecter pour me reconnecter à quelque chose de bien plus réel que notre surf quotidien dans le virtuel.
Si je ferme les yeux suffisamment longtemps et que je me concentre, je revois les rayons balayer chênes, hêtres, mélèzes qui font place à la roche froide et nue dans les hauts paysages alpins. J’entends le bruit assourdit de mes pas sur les gravier. J’entends le vent chuchoter. J’entends les échos des saisons et du temps qui passe. J’entends la mélodie du vivant alors qu’en mon for intérieur, enfin s’épanouit un paisible silence. Les
Il y a un sentiment de plénitude et de réalisation bien plus profond lorsque l’on marche en montagne. Bien plus profond que l’envoi de mail, le remplissage de tableaux excell, ou la participation à des réunions soporifiques et sans saveurs. Pourtant c’est la seconde activité qui est “productive”.
C’est la seconde activité qui nous fait vivre mais la première qui nous fait sentir vivant.
N’avez-vous pas vécu ce sentiment de n’être parfois qu’un robot qui accomplit servilement ses tâches journalières ? Le travail, dans certains cas, n’est aucunement un accomplissement de soi. Ce n’est aucunement une élévation de soin mais un vulgaire abrutissement de l’âme et de l’esprit. Surtout lorsque l’on ne parle plus des hommes mais que l’on ne raisonne qu’en chiffres. Tristes témoins d’un travail qui perd de son humanité.
Je me sens réellement vivant lorsque je marche en montagne. C’est peut-être là le sentiment de scission avec mon quotidien. Il y a trop de superflu dans nos vies et trop peu de notre vie réelle dans ce superflu.
La randonnée c’est pour moi l’appel du minimalisme.
Tu marches. Tu te nourris. Tu dors.
Des tâches simples, basiques.
Et pourtant, des tâches essentielles.
Des tâches que l’on accomplit quotidiennement mais qui retrouvent ici leur sens premier.
Lorsque l’on est sur un sentier de montagne, littéralement, pas à pas, on avance dans notre vie alors qu’au quotidien, beaucoup d’entre nous ont la sensation de faire du sur place. Les saisons passent, nous sommes toujours aujourd’hui là où nous étions hier. Rien n’a vraiment changé si ce n’est que nous nous sommes rapprochés de la tombe. Sans le savoir. Sans le voir vraiment.
Nous ne sommes que des enfants sous le regard acéré des blancs sommets. Ces vieux sages nous laissent jouer dans les rides de leurs années. Et c’est peut-être cela que je recherche là-haut.
Le droit d’être de nouveau libre comme un enfant.
D’avoir mes yeux qui brillent à la vue des étoiles comme des diamants.
De me lever chaque matin d’un regard optimiste et émerveillé.
De regarder le monde en oubliant le poids des années.
texte d’une profonde méditation et contemplation…. un souffle ! un inspire! un expire! et hop! une révélation! quand on épouse la nature! on se fond dans notre profonde histoire de l’humanité!!! Merci pour ce texte!!Virginie Romette
Bravo pour vos mots !
Ce rythme, ce silence, un pas devant l’autre, l’immensité devant nous, le chemin parcouru, la vie qui continue… Etre, soi, au cœur de cette nature-là. Un rayon de soleil, une goutte de pluie, le souffle du vent, je me ressource autant que vous sur ces sentiers. Il y a de l’écho ! Merci 😉
Ton article est très beau, il exprime ce que je ressens également lorsque je marche, que ce soit en montagne ou sur les plaines… Lorsque je suis en contact avec la nature, simplement, et même parfois en ville ! Il y a un état d’esprit, comme lorsqu’on dit que voyager c’est avoir un certain état d’esprit.
Une chose est sûre, cette été j’irai marcher ! En espérant que ça sera possible bien entendu. J’aimerais aller dans le Cantal (j’adore l’Auvergne).
Passe une bonne journée.
Cet article me résume tellement bien !! Je ne suis donc pas seule,, fruit d une erreur de livraison !!