Découverte du nord de la Norvège.
Voilà. Le vide. Le vide 650m plus bas. Le vide, moi et mes pieds qui se balancent tranquillement au dessus tel un enfant. Si je me déplace de quelques centimètres de plus, si je suis happé par l’ivresse de mon sentiment d’invincibilité, si je me penche trop en avant pour me jouer de la mort, ma vie ne sera alors plus qu’un souvenir. Au bord du Styx, sur la dernière arrête du possible, là où la déraison prend racine, je me sens des plus vivants. Mon cœur court un marathon dans ma poitrine. Mon cerveau me traite de fou. Mon âme, elle, de cette piste étroite façonnée pour les suicidaires, prend son envol. Elle part là où la raison perd pied. Là-haut, j’en suis persuadé, elle aperçoit les portes du Walhalla. A cette hauteur, avec cette vue, le domaine du divin n’est pas loin.
Je contemple l’horizon. Un horizon façonné pour le plaisir des yeux. Nul doute, un horizon façonné par le désir des dieux. Des dieux anciens. Des dieux depuis longtemps tombé dans l’oubli. Des dieux qui ont donné une majesté sans pareil lorsque le monde était jeune. Ces dieux récompensent les âmes téméraires par l’éclat de leur présence passée. Ces dieux vivent dans les cimes escarpées, les eaux bleu marine balayés par les vents, les sentiers cachés dans les forêts ombragées. Ils murmurent les légendes passées à celui qui se nourrit d’aventures. Le soleil de minuit est la promesse d’assouvir tous ses désir.
Ce lieu où je me trouve a un nom. Mais ce lieu a de multiples visages.
Bien avant ce voyage qui me permit d’entrapercevoir les charmes de la Norvège du Nord en traversant non seulement les Lofoten mais également les régions de Vesterålen, Senja et Sommarøy, une seule image me venait à l’esprit, celle, justement, des mythiques Lofoten. Ce nom seul occultait à mes yeux le reste des richesses que le nord du pays avait à m’offrir. J’étais pareil à ces touristes qui résument la France à Paris. Paris est belle, étincelante, vibrante mais Paris à elle seule n’est pas la belle et multiple France. De même, le nord de la Norvège ne se résument aucunement aux Lofoten. Gavé d’images que j’étais par les réseaux sociaux, la région des Lofoten faisait effet d’une visière. Autour devait se trouver une terra incognita. Une terra sans intérêts, visiblement, puisque rares étaient ceux qui l’évoquaient avec une telle intensité. Raccourci de l’ignorant. Coupons court à toute supposition, les Lofoten sont et resteront magnifiques. Mais la splendeur du nord de la Norvège rayonne bien au delà de leurs frontières. Aujourd’hui, je reconnais honteusement mon étroitesse d’esprit.
La météo et les aléas logistiques, ennemis impitoyables d’un voyage trop planifié, perfectionné à l’avance dans ses moindres détails, m’avaient jusque là surpris plus d’une fois. Ainsi, je voulais m’approcher ici d’une expérience vierge de toute attente. J’avais donc minimisé mon exploration photographique par avance. Je m’étais efforcé de ne pas papillonner sur la toile afin de ne pas me droguer de clichés de moments parfaits. Trop souvent, on construit son voyage sur de faux espoirs. On se dit au retour que les clichés sublimés ne font pas honneur aux sensations et aux souvenirs que vous remporterez avec vous. Quel intérêt de lire cet article alors ? Croyez-moi, lui aussi ne dévoile pas tout. Ici même, lorsque je me replonge dans l’atmosphère surnaturelle de mes clichés, sans doute parmi les plus époustouflantes qu’il m’ait été donné de prendre durant ces dernières années de voyage, mêmes ces images là n’arrivent pas à capturer la puissance et le sublime des paysages traversés.
Je n’aime pas abuser des superlatifs, ils perdent de leur essence. Si tout est délicieux, alors, au fond, rien n’a de saveur. Mais ce voyage fut rempli de superlatifs. Si les Lofoten étaient un joyau, le nord de la Norvège serait un diadème étincelant. Les diamants qui le compose, et dont j’ai pu apercevoir et apprécié l’éclat ont pour nom : Vesterålen, Senja, Sommarøy. Je sais, je l’ai déjà dit, je radote. Mais retenez-les. Construisez votre projet en les intégrant et vous ne regretterez pas ce choix.
Il n’y eut pas un jour sans surprise. A la lumière de minuit, même la vue de Tromso enveloppée de nuages, alors que j’effectuais une courte randonnée me menant au poste d’observation du téléphérique, me saisit par les tripes. Peut-être était-ce cette énergie solaire qui, chassant la nuit, m’enivrait. Durant toute mon exploration, je fus d’ailleurs ivre d’expérience. Ivre d’une énergie sans pareil. Euphorique à chaque instant. D’où l’expression des plus justifiée “saoul comme un polonais”. Car bien que saoul de fatigue, j’étais des plus désireux de partir au combat et d’explorer encore et toujours plus.
Mes nuits étaient courtes. Très courtes, mais jamais assez. Mon grand-père me répète souvent que l’on aura bien le temps de se reposer dans notre tombe. Je le pris au mot. Chaque matin, je regrettais les 5h de sommeil à végéter au lit. S’il existait une substance me permettant de me passer de sommeil sans effets néfastes, je l’aurai prise sans aucune hésitation. Ici nul besoin de rêver lorsque le seul effort à accomplir est d’ouvrir les yeux. Mon corps hurlait à la déraison, mon âme lui répondait par un concert de joie. La nuit était un voile merveilleux. La peur du noir, la peur immémoriale de notre enfance avait disparu. Chaque matin semblait comme un merveilleux printemps après un long et vigoureux hiver. La nuit devenait ce conte enchanté de notre enfance. Le soleil, cette lampe de chevet éternellement allumée au bord de notre lit. Ce compagnon indéfectible, ce chevalier à l’armure étincelante.
La nuit illuminée devenait ce monde fantastique, baignée d’une lumière toute droit sortie de nos plus beaux été. La nuit devenait ce monde fantastique ou nul mauvaise âme aux sombres dessins ne pouvait nous atteindre. Les portes d’un monde bien trop beau pour appartenir au réel.
Les portes de ce monde s’ouvrirent à nous.
Et nous répondîmes plus d’une fois à leurs appels.
Tu peux retrouver la vidéo de ma balade en Norvège ci-dessous. N’hésites-pas à me suivre sur youtube pour d’autres aventures !
A venir l’article pratique et conseil : Quelles randonnées en Norvège du Nord ?
Mes sincères remerciements à La Norvège à Northern Norway, ainsi qu’à tous les partenaires dont Hurtigruten, pour avoir contribué à faire de ce voyage un rêve éveillé.
N’hésites pas à partager et épingler cet article sur Pinterest si tu l’apprécies :
Si un jour, tu oublies, noyé au milieu des fichiers Excell et des premiers cheveux gris, cette vue irréelle sur…
Vous cherchez de l'inspiration pour profiter des beaux paysages Français sans pour autant partir sur de trop longues balades ?…
J’ai toujours eu un grand respect pour ceux qui osent repousser leurs limites. Et quand j’ai vu Inoxtag, ce jeune…
Alors comme cela on veut éviter les mains froides en randonnée ? Subir la désagréables sensations des mains gelées en…
Lorsque l'on pratique le trail, disposer du bon équipement trail est crucial pour garantir confort, sécurité et performance... sans oublier…
Cela rime donc cela prouve qu'ils sont indissociables, ha ha ;) En vrai, les bâtons de randonnée sont vraiment des…
Voir les commentaires
En hiver ça doit être bien sympa aussi !!!
Je pense oui :)
Et avec le drone aussi... :D
Essayez donc Bodo. Lofoten Vesterolen, Narvik et retour par l'"intérieur " mais e' Avril... Avec la neige, y compris sur la route !!!!
Je n'y manquerai pas !
De la Norvège, je ne connais que les Lofoten, mais j'avais adoré ces paysages magnifiques, des montagnes surgissant de la mer. Je vois que les archipels voisins sont tout aussi beaux...
c'est magnifique ! ça me donne encore plus envie d'aller découvrir ce pays.
merci Emeline ;)
Les paysages sont à tomber, mais j'ai le vertige rien qu'à regarder tes photos !
Je confirme, ils sont littéralement à... tomber :) Faut faire gaffe ;)
Tout le monde raison sur les Lofoten et Vesterolen! Mais, ceux qui en ont la possibilité, essayez donc la même chose mais vers Avril. Vous aurez, en plus, la neige, y compris sur la route! Et, là, ça devient encore plus extra! Mais prenez votre temps! 2 à 3 semaines ne sont pas trop! Bodo. Lofoten , Vesterolen. Narvik et retour par l'"intérieur " jusqu'à Bodo! Un régal !!!
je reconnais bien là l'ivresse que l'on peut ressentir devant un paysage qui nous dépasse, qui nous dévore. Assurément la Norvège est une terre à découvrir d'urgence.
Oui... une terre magnifique. Hate d'y retourner de mon côté !